Entretien avec Markus Noisternig
Chercheur en acoustique et en traitement du signal à l’Ircam au sein de l’UMR STMS, Markus Noisternig contribue activement, depuis près de 15 ans, aux développements de technologies d’enregistrement et de diffusion du son 3D tels que l’Ambisonic d’ordre supérieur. Ses travaux de recherche doublés d’une solide expérience en musique électronique et dans les arts sonores immersifs et interactifs le conduisent à mener de nombreuses collaborations artistiques.
Nommé en 2019 responsable des interactions entre la recherche et la création à l’Ircam, il nous livre ici sa vision d’un des principes fondateurs de l’Institut : la cohabitation quasi symbiotique entre les scientifiques et les artistes, et la manière de la rendre plus fructueuse encore.
Comment définiriez-vous la « recherche artistique » ? Quels en sont les enjeux généraux et pour quels débouchés ?
Je ne me lancerais pas dans une définition de la recherche artistique en général, qui recouvre des domaines multiples. Je préfère me concentrer sur une définition de ce qu’est la recherche artistique à l’Ircam – c’est-à-dire une recherche qui tourne autour du son et des phénomènes acoustiques, et de tout ce qu’engage aujourd’hui la composition musicale, depuis la conception jusqu’à la création. Pour moi, qui ai une formation scientifique et artistique, la recherche artistique propose des chemins alternatifs aux méthodes scientifiques.
Les critères d’évaluation de la démarche scientifique sont très stricts : reproductibilité des expériences, publications, etc. En introduisant la dimension créatrice dans le processus, la recherche artistique ouvre le champ expérimental, qui relève d’une part de la production artistique, et de l’autre, d’avancées scientifiques originales, en termes aussi bien théoriques que méthodologiques ou d’applications.
Comment et quand le concept de résidences artistiques à l’Ircam est-il né ?
Le concept fait partie intégrante du projet initial de l’Ircam. L’idée était, dès le départ, d’inviter aussi bien des artistes que des chercheurs pour développer leurs idées dans un cadre commun.
Pourriez-vous citer certaines innovations qui, sans cette recherche artistique à l’Ircam, n’auraient sans doute pas vu le jour ?
Je ne suis pas certain que des innovations n’auraient pas vu le jour : la plupart des outils préexistent aux demandes des artistes, mais les besoins et les souhaits de ceux-ci n’en ont pas moins une influence déterminante pour les adapter, les affiner ou les interroger.
Par exemple, les logiciels d’improvisation, comme Omax et ceux qui ont suivi, ont été fortement influencés par l’artistique, puisqu’ils ont été évalués par des artistes, dont les demandes spécifiques ont été prises en compte.
Suite de l’article sur le site de l’IRCAM : https://www.ircam.fr/article/la-recherche-artistique-propose-des-chemins-alternatifs-aux-methodes-scientifiques-1